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Opera 11 – Entretien avec Jon von Tetzchner, co-créateur du navigateur

Matthieu Gagnot

Matthieu Gagnot

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S’il fallait mettre un visage sur le navigateur le plus innovant du moment, ce serait le sien. Même si Jon von Tetzchner, co-fondateur de l’éditeur norvégien Opera en 1994, a récemment quitté ses fonctions de président, il continue à travailler pour Opera et reste l’un des mieux placés pour parler du tout nouveau Opera 11 et de la concurrence entre les navigateurs internet. Softonic a pu s’entretenir avec lui.

Jon Riggall (Softonic): Allez-vous encore promettre de traverser l’Atlantique à la nage si Opera bat son record de téléchargements?

Jon Von Tetzchner: Quand nous avions lancé ce défi, nous avions parié sur 1 millions de téléchargements en 4 jours. Aujourd’hui, nous réalisons cet objectif en une journée! Il faudrait que je fasse plusieurs allers-retours à la nage vers les Etats-Unis pour couvrir ça. En plus, j’ai déjà donné: il faisait très froid, et il doit faire encore plus froid maintenant!

“Le regroupement des onglets, une évolution naturelle”

Jon Riggall: Après un Opera 10 très innovant, que nous réserve cet Opera 11 ?

Jon Von Tetzchner : Avec Opera 11, nous nous sommes placés du point de vue des utilisateurs: de quoi ont-ils vraiment besoin?

Premièrement, la vitesse est plus importante, Opera Turbo a été amélioré, et nous avons réduit la taille de l’installeur. Ensuite, nous nous sommes penchés sur les onglets. L’utilisateur typique d’Opera a environ 10 onglets ouverts en permanence et il a parfois du mal à s’y retrouver. C’est pourquoi nous avons imaginé le regroupement des onglets. Nous avions été les précurseurs des onglets dès 1994, avec le concept de plusieurs fenêtres dans une seule fenêtre. Le regroupement des onglets est une évolution naturelle, et une nouveauté de taille pour ceux qui ont plusieurs onglets ouverts en permanence.

Les gestes de la souris sont aussi une fonctionnalité très populaire de Opera 10, nous les avons améliorés avec Opera 11, en les rendant plus accessibles aux nouveaux utilisateurs.

Turbo est très populaire chez les utilisateurs avec une connexion lente, et nous l’avons rendu plus efficace. Enfin, la nouveauté la plus demandée par les utilisateurs est la gestion des extensions.

Jon Riggall: Pourquoi avoir autant tardé pour ajouter des extensions à Opera ?

“Avec les extensions, la pièce finale d’Opera est arrivée”

Jon Von Tetzchner: Cela fait longtemps que les extensions sont réclamées… Nous avons étudié l’outil qu’utilise Mozilla, et avons décidé qu’il était trop lourd, abandonnant l’idée d’un Opera compatible avec les extensions Firefox. Nous avons opté pour un modèle qui se rapproche de celui de Google Chrome. Nous avons tardé un peu pour intégrer les extensions, mais nous pensons avoir réussi à le faire de façon accessible, tout en conservant ce qui fait l’ADN d’Opera: de nombreuses fonctionnalités intégrées qui tournent efficacement. Et maintenant, avec des extensions. Beaucoup de gens disent adorer Opera parce qu’il a toutes ces fonctionnalités, et qu’il tourne très rapidement. Avec les extensions, la dernière pièce est arrivée.

Jon Riggall: Pourquoi les développeurs devraient choisir de créer des extensions pour Opera?

Jon Von Tetzchner: Le premier avantage est d’atteindre un public de plus de 50 millions d’utilisateurs sur PC,. De plus, les extensions sont en ligne, faciles à développer, et le portage entre Chrome et Opera est très simple. En fait, beaucoup d’extensions pour Opera sont des portages de plug-ins existants pour Chrome ou Firefox.

Jon Riggall: Quels sont les avantages d’un modèle de développement fermé (NdT: comme celui d’Opera) face à un modèle Open-Source, comme Firefox ?

Jon Von Tetzchner : Pour moi, on ne peut pas dire que l’un est supérieur à l’autre, c’est une question de choix. Pour nous, c’est la meilleure façon de travailler, étant donné qu’on travaille sur de nombreux projets en parallèle. Les grands projets Open-Source, après avoir atteint une taille critique, tendent à se fermer. Sinon, ils reçoivent trop de développements, avec parfois la conséquence involontaire de détruire certaines fonctionnalités.

Pour nous qui menons 150 projets en même temps, on ne peut pas se permettre que l’un d’entre eux altère le code des 149 autres, donc on se doit de contrôler le développement de nos produits.

“Nous sommes conscients que nos concurrents ont un marketing puissant”

Jon Riggall: Le succès rapide de Google Chrome a-t-il affecté le développement d’Opera ?

Jon Von Tetzchner: Nous suivons notre propre voie. Nous sommes habitués à voir des sociétés avec de larges capacités de financement croître rapidement – nos premiers concurrents étaient Mosaic et Netscape, et ils avaient beaucoup d’argent et un bon produit. Ensuite, Microsoft est arrivé et a écrasé Netscape, mais nous avons continué à croître. Ensuite, Firefox est arrivé et a progressé rapidement, mais nous avons continué de grandir.

Nous sommes conscients que nos concurrents ont un marketing puissant, et nous nous contentons de nous faire connaître de la meilleure façon que nous connaissons, en créant un bon produit pour les utilisateurs. L’année dernière, toutes plates-formes confondues, nous avons gagné 50 millions d’utilisateurs actifs, de même que l’année précédente, et nous atteignons 1 millions de téléchargements par jour. Nous sommes habitués à une compétition ardue, ça nous stimule – il y a eu un bon match entre nous et Chrome sur l’aspect de la rapidité, par exemple, ce qui a également amené les autres navigateurs à se concentrer sur la vitesse. Et au final, les internautes sont gagnants.

“Nos premiers concurrents étaient Mosaic et Netscape, ils avaient beaucoup d’argent et un bon produit. Ensuite, Microsoft est arrivé et a écrasé Netscape, mais nous avons continué à croître.”

Jon Riggall: Que faut-il attendre d’Opera pour les futures versions ?

Jon Von Tetzchner : Le chantier d’Opera sera les fonctionnalités multi-plateformes, avec des applications de synchronisation qui tournent sous Unite. Plus généralement, nous allons continuer d’innover. Nous pensons à des façons de se déplacer vers le Web, comme beaucoup d’applications sont en ligne. Mais de plus en plus de supports sont connectés à Internet, donc on s’intéresse aux consoles, aux télévisions, aux « box » internet ou aux cadres numériques. L’inter-connexion à Internet sera très importante pour nous, avec des produits comme Opera Unite.

Jon Riggall : De quoi êtes-vous le plus fier dans le développement d’Opera?

Jon Von Tetzchner : Le fait que nous ayons atteint tant d’utilisateurs et aussi le fait d’être une société innovante, et pas des suiveurs. Je suis également fier d’avoir atteint l’année dernière notre objectif à long terme de 100 millions d’utilisateurs, et d’avoir presque atteint les 150 millions cette année. Nous progressons rapidement et notre but est de continuer à aider à la diffusion d’Internet partout.

[Crédit photo : Wikipédia / Auteur : VlastaW]
[Entretien de Jon Riggall – Traduit par Matthieu Gagnot via OnSoftware EN]

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